J'ai 36 ans et petit à petit je sens que les choses évoluent. Tout d'abord mon corps. J'ai la vue qui baisse légèrement même si tout va bien selon les critères de médecine, je le sens. mon corps évolue, ces réactions se font moins aisés, légèrement moins et je le sens. Mon cœur tape dans ma poitrine avec plus de force mais moins facilement qu'avant. Je mange un peu trop, je suis gourmand et le vin, même si je l'apprécie, me fait des aigreurs d'estomac. Ces signaux faibles que mon corps m'envoie sont autant de limites qui me font dire que le temps passe et que ma vie est comptée. Mon corps me donne sans compter parce que c'est une machine magnifique mais il est comme un sablier, grain par grain il s'épuise petit à petit.

Et puis il y a les sentiments et les peurs. L'autre jour, j'ai entendu dans la nuit une femme qui pleurait, qui répétait sans relâche à son compagnon d'arrêter. Je devinais la voix sourde et mauvaise de l'homme énervé. Cette voix éplorée accentuée par le silence de la nuit m'a vrillé les tripes. Je réalise que mes émotions impactent mon corps directement qu'il n'y a pas de protection et que je dois vivre avec cela. Je suis capable de contrôle mais je vis en permanence avec mes émotions et quelque fois c'est très difficile. Et puis, la mort de quelqu'un ou la rencontre d'une personne que l'on admire profondément sont autant de sensations qui nous renvoient à un essentiel dans notre vie, celui de vivre pleinement, de sucer la moelle secrète de la vie, d'approcher de la vérité de ce qu'on est pour comprendre ce qu'on fait là :-)

Et puis il y a les autres, comme des miroirs nous renvoient nos propres images, nos attitudes ambivalentes, nos turpitudes. A la fois destructrices et enrichissantes, les relations avec les autres ne sont jamais simples reliées directement avec la relation que nous entretenons avec nous-mêmes. Entre incompréhensions et reconnaissances, le spectre est infini. Doit-on se fermer pour autant, je ne le crois pas. Je pense au contraire, que nous pouvons vivre ensemble avec la force de rester soi-même tout en gardant l'esprit ouvert.

Au final, pas grand chose à dire, juste l'humilité de me dire que j'ai l'urgence d'une vie pour accepter que les choses sont ce qu'elles sont, aimer la vie en somme ;-) !