Texte trouvé via la lettre mensuelle de l'http://www.education-authentique.org/

Steven Harrison a écrit :

Nous ne faisons pas des enfants par amour.

Nous faisons des enfants par confusion, par désir à la suite de nos idées, de notre besoin de sécurité. Nous faisons des enfants, c’est tout. Notre biologie nous y pousse.

Nous appelons « amour » le profond sentiment éprouvé pour nos enfants, mais il s’agit d’attachement. L’amour est tout autre.

L’attachement peut fonctionner pour protéger l’enfant pendant sa croissance. Mais ce même attachement le blessera et nous blessera lorsque nous ne pourrons le lâcher.

Nous ne pouvons élever nos enfants. Si nous le faisions, ils seraient pareils à nous. Au lieu de cela, effaçons-nous.

Le nouveau-né dépend entièrement de nous pour pourvoir à ses besoins. Ses pleurs sont une demande. En y répondant, nous créons les fondements de sa sécurité et la possibilité de ses propres découvertes.

Offrons-lui un environnement de liberté et d’espace.

Nous serons tentés d’essayer de forcer l’enfant dans le moule de notre monde, de notre rythme, de nos schémas. Nous serons tentés de conditionner l’enfant, de le socialiser, de lui imposer les règles qui ont été implantées dans nos esprits.

L’enfant apprend de notre être, pas de nos mots. Il observe activement notre quotidien. S’il y a un « fais cela », faisons-le. S’il y a un « ne fais pas cela », ne le faisons pas nous-mêmes. Vivons nos recommandations à l’enfant.

L’enfant sera conduit par sa volonté intérieure, ses intérêts et ses qualités inhérentes. Le matériau génétique, la mémoire biologique qu’il porte en lui interagira avec les forces de l’environnement, et la nature de l’enfant émergera spontanément.

Plus tard, libéré de cette idée que nous sommes des parents, l’enfant s’engage vers une vie d’adulte. La relation avec les parents existe maintenant seulement par réciprocité, non par obligation ou par culpabilité.

La manière dont un tel enfant, maintenant adulte, élève la prochaine génération pourrait être fondamentalement différente.

Nous ne pouvons produire d’enfants transformés par le seul fait de notre désir. Nous pouvons cependant laisser notre magma mental hors de l’affaire. Nous pouvons faire en sorte que notre centre conditionné soit absent du processus de soutien à l’enfant.

Nous produisons des enfants. C’est notre nature. Il n’est pas besoin d’envelopper cela de confusion ou de culpabilité. Faisons des enfants, adoptons-en, guidons-les, mais ne leur injectons pas notre conditionnement.

Laissons-les être ce qu’ils sont.

Extrait de Être un. Se trouver dans la relation, L’Homme, p. 129-132.