La scène se passe à la maternité, en fin d'après midi. Sandrine avait été déclenché et commençait à ressentir des douleurs tout juste soutenables. L'obstétricienne arrive et nous explique la suite des évènements : "les douleurs vont s'intensifier, le col doit s'ouvrir de trois centimètres et c'est seulement à ce moment là que l'accouchement pourra commencer!". Après ces explications limpides, je me hasarde et lui dit : "bon, mais entre temps les étapes intermédiaires?, qu'est ce que je peux faire pour aider?...". Elle me dit d'un ton sans réplique : "mais monsieur il n'y a rien à faire, il faut attendre!". Quelle claque! Moi qui était fan de la série américaine "Urgences", tellement impressionné par l'efficacité de ces docteurs, moi qui pensait qu'un "Mark Green" allait régler le problème en deux "ça va aller madame!" et trois "les beaux bébés que voilà! Quelle déception! Moi qui imaginait un "Benton" enfin prendre le temps de m'expliquer toute la finesse du dosage hormonale pour le déclenchement jusqu'à la sortie des deux coquins. Rien, non rien de tout cela! Juste un "il n'y rien à faire juste attendre!". Alors?

Ben, on a attendu! La douleur de Sandrine grandissante jusqu'à devenir insoutenable, les venues de temps en temps de sages-femmes ou de l'obstétricienne pour vérifier le monitoring et l'ouverture du col et moi assis entre le lit et la chaise, ne sachant pas trop quoi faire de mes doigts mais supportant stoïquement la souffrance de celle qui partage ma vie! Je suis certain, chère(s) lecteurs(trices) attentifs(ives), qu'une question vous brûle les lèvres : "mais pourquoi diable attendre 3 centimètres d'ouverture de col!". C'est simple, 3 centimètres d'ouverture correspondent à la possibilité de bénéficier d'une péridurale (celle-ci étant fortement conseillée pour les grosseses multiples voir obligatoire!).

Vers 22h, après quelques heures de "douleurs pas cool", le médecin anesthésiste m'indique d'aller faire un tour ailleurs pour voir s'il s'y trouve, afin de faire la fameuse péridurale à ma moitié. La péridurale en poche je devrais dire "en dos", les douleurs se sont estompées et un calme s'est installé. Un calme avant la tempête, une veillée d'arme pour moi! Sandrine a pu se reposer et attendre l'ouverture complète de son col! Pendant ce temps, j'errais dans les salles d'accouchements - nous étions les seuls à accoucher. J'errais dans ma tête en écoutant distraitement les conversations des sages-femmes entre fatigue et émotion. J'observais de temps en temps Sandrine, au fond de la salle, dans la pénombre, presque assise, somnolente, jambes écartées et tête de coté, plus qu'amante désormais et presque maman :-) . Vers 3h du matin, l'accouchement a commencé... Et les drôles sont arrivés!.